Récit d’expérience sur l'écoute de soi et les valeurs

"This is your room for the night” - m’indiqua un membre de l’équipe de l’hôtel avant de partir, me laissant seule dans une chambre vétuste dont la faible lumière éclairait à peine la fenêtre cassée et la moustiquaire trouée qui tombait sur le lit.

Ce soir de février 2018, un frisson intense suivi d’un sentiment de peur m’a traversée : que cela soit rationnel ou non, je ne pouvais pas dormir dans cette chambre et encore moins rester seule. J’arrivais tout juste à Pak Beng, au Laos, seule avec mon sac-à-dos pour une escale le long du Mékong sur le chemin de Luang Prabang.

Cela faisait deux semaines que je voyageais en solo et j’avais déjà parcouru plusieurs centaines de kilomètres à travers la Thaïlande. Pourtant, c’était la première fois que je ressentais cette peur et cette insécurité.

C'est fou comme de si petites choses, des moments de prime abord insignifiants sont révélateurs et peuvent créer des déclics : ce soir-là, j’ai appris ce que cela voulait dire de s’écouter. Que ma peur soit rationnelle ou fondée n’était pas important. En revanche, le sentiment qui s’en dégageait l’était, et alors que j’aurais habituellement lutté contre, j’ai choisi d’écouter mes émotions et mon intuition. De mon point de vue « objectif » il n’y avait pourtant rien de terrible à cette situation, ce n’était que pour une nuit après tout. Mais mes tripes parlaient un autre langage.

C’était un de ces moments où l’on se dit : « Je ne peux pas. C’est impossible, c’est ma limite, j’arrête ».

Un peu plus tard dans la soirée, je rencontrais deux autres Françaises qui m’invitaient à partager leur chambre. Nous avons passé les jours suivants ensemble, à découvrir cet incroyable pays. Puis j’ai repris mon voyage seule, au Vietnam.

Au cours de mon périple j’ai appris à m’adapter à mon environnement, à nouer des liens avec des personnes de tous horizons et à respecter mon rythme. J’ai pu expérimenter, échouer, réessayer et vivre en dehors de toute contrainte, cadre social ou a priori.

J’ai aussi découvert quelque chose d’essentiel sur moi : nourrir les valeurs qui m’étaient chères par l’action donnait un sens à ma vie et au chemin que je choisissais d’emprunter.

Pendant deux mois, et malgré toutes mes péripéties, j’ai été pleinement épanouie.

J’en ai tiré l’enseignement que prendre le temps du recul et des questionnements, c’est prendre conscience qu’au-delà du rythme parfois effréné de nos vies, il y a quelque chose en nous qui nous anime et qui mérite d’être écouté.

S’écouter penser, respirer, faire et bouger pour être alignée.

Ce voyage a été un bouleversement pour moi.

Il a aussi été le début d’un autre long voyage : celui de ma quête de sens professionnelle, celle qui m’a menée au métier de coach et à mon implication au service de l’action contre le dérèglement climatique.