top of page
Post: Blog2_Post
Rechercher

Éco-anxiété ou éco-lucidité ?



L’écoanxiété, on voit ce terme partout !


C’est probablement un des premiers facteurs d’engagement et de stress chez les personnes engagées dans la lutte contre le dérèglement climatique.


Je te propose de plonger dans les méandres de ce terme pour mieux comprendre de quoi l’on parle et pourquoi je préfère utiliser le terme d’éco-lucidité.


Le terme en lui-même est apparu en 1997, c’est Véronique Lepaige, chercheuse en santé publique qui l’a utilisé pour la première fois.


Il n’y a pas vraiment de consensus sur sa définition en France. Mais ce que l’on peut retenir c’est que :

  1. L’éco-anxiété n’est ni une maladie, ni une pathologie

  2. Selon Véronique Lepaige, elle correspond à « un mal-être, une responsabilisation nécessaire qui est expérimentée, qui va conduire à un engagement responsable en termes de pensée, de parole et d’action » (1)

L’éco-anxiété serait donc un moteur qui nous pousserait à passer à l’action et à nous mettre en marche pour éviter à tous prix la catastrophe écologique.


En complément de la définition de Véronique Lepaige, on peut utiliser celle-ci, proposée par des chercheurs australiens :


« L’“éco-anxiété” est un terme qui rend compte des expériences d’anxiété liées aux crises environnementales. Il englobe “l’anxiété liée au changement climatique” (anxiété spécifiquement liée au changement climatique anthropique), tout comme l’anxiété suscitée par une multiplicité de catastrophes environnementales, notamment l’élimination d’écosystèmes entiers et d’espèces végétales et animales, l’augmentation de l’incidence des catastrophes naturelles et des phénomènes météorologiques extrêmes, la pollution de masse mondiale, la déforestation, l’élévation du niveau de la mer et le réchauffement de la planète. » (2)


Ici, on le voit bien, l'éco-anxiété n'est plus une angoisse d’anticipation (c’est-à-dire vis-à-vis de ce qui pourrait arriver) comme j'ai pu le lire. Elle est raisonnée et étayée par des faits notables et dramatiques qui se produisent depuis plusieurs années :


👉 Nous avons déjà dépassé la 6ème limite planétaire (3).

👉 Les réfugiés climatiques existent déjà.

👉 Cet été, des dizaines de milliers de personnes ont été touchées par des incendies, des inondations, la sécheresse qui sont des conséquences directes du dérèglement climatique.


Ces catastrophes sont en train de se produire, et il est donc tout à fait normal d’en éprouver de la peur !


C’est pour ça que je préfère le terme d’éco-lucidité.

Pour moi, traverser l’émotion de la peur face à la situation est simplement normal.

Si tu en éprouves : bravo, tu n’es pas dans le déni et tu es humain·e !


Ce sentiment est le premier pas vers la prise de conscience écologique. La peur peut d’ailleurs causer 3 réactions :

  • L’immobilisation : on a si peur qu’on est comme tétanisé par ce qui se produit.

  • La fuite : ici pour moi ça correspond au déni. L’ampleur de la prise de conscience, du constat est si flippant qu’on préfère l’ignorer et faire comme si de rien n’était.

  • L’attaque : on se met en action pour attaquer la source de notre peur.

La question intéressante ici, c'est à chaque fois que tu ressens de l'éco-lucidité, de savoir quelle posture tu adoptes et pourquoi ? Y-a-t'il des sujets qui t'immobilisent ou te mettent en action plus que d'autres ? Ca dit beaucoup de nous !


Et oui, car l'éco-lucidité n'est pas qu'un sentiment passager. Dans le cas de la peur face au dérèglement climatique et ses conséquences, on ne parle pas de quelque chose de momentané. On parle d’un sentiment qui peut être lancinant, tourner perpétuellement en fond, nous pourrir la vie et resurgir de temps à autres quand on l’avait un peu trop oublié (pour moi par exemple l’été est devenu une période de stress plutôt que de détente…).


Parce que disons-le franchement, faire face à l’éco-lucidité, c’est faire face à sa potentielle propre mort et à celle de notre espèce. Alors oui, c’est complètement flippant et suffocant, ne nous le cachons pas.


Et je crois qu’il est important de ressentir cette peur, de l’écouter. Plus facile à dire qu’à faire, pas vrai ? Je mets quand même un point de vigilance ici : si l’éco-lucidité fait de ta vie un enfer, n’hésite pas à consulter un spécialiste, c’est important !


Je te dirais bien d'en parler autour de toi mais... notre entourage n’est pas toujours réceptif à ce sentiment car cela le renvoie à sa propre peur et ce n’est pas facile à accueillir pour tout le monde. Néanmoins, si tu as un cercle d'amis ou de connaissances en qui tu as confiance et sensible à ces sujets, tu peux envisager de leur en parler.


(Dans ma tête, une alarme vient de se déclencher : comment peut-on être encore insensible au dérèglement climatique ? Eh bien, chacun à son rythme, c'est nécessaire, il faut être patient !)


À ce niveau en tous cas, pour moi, une chose est certaine : Accepter la peur, c’est accepter son humanité.

C’est arrêter de se croire invincible et au-dessus de la « nature ». C’est accepter que nous ne sommes qu’humains et que comme tous les êtres vivants, nous dépendons de cet environnement qui pendant plus de 200 000 ans a été propice au développement de notre espèce et de notre vie.


Avoir peur, c’est la première étape. C’est prendre conscience qu’on ne contrôle pas ce phénomène. Et c’est ok d’avoir peur, c’est normal.


Maintenant la question, c’est : que faire ce cette peur, de cette lucidité envahissante ?


Je te propose de répondre à cette question dans le prochain article - dans 2 semaines - et en attendant, pour retrouver un petit coup de boost en t’abonnant à ma newsletter : l’Ecoboost, juste ici ! Mercredi prochain, je t'y envoie un shoot de bonnes nouvelles, de lecture intéressante et de réflexions sur le syndrome de l'imposteur dans l'engagement écologique !


(2) Teaghan L. Hogg, Samantha K. Stanley, Léan V. O’Brien, Marc Wilson et Clare R. Watsford, « The Hogg Eco-Anxiety Scale: Development and validation of a multidimensional scale », Global Environmental Change, novembre 2021.

 
 
 

Comments


ec-logotype.png
  • LinkedIn
  • Instagram
bottom of page